Allongés dessus, ces natifs franchissent la barre d'écume et, avec une adresse inouïe, reviennent sur la rive debout sur leur embarcation. Ils se livrent même, par cette confrontation avec l'océan, à des duels où le meilleur acquiert ainsi un haut rang au sein de la communauté.
Cook découvre ce "He e'nalu" (qu'on peut traduire par: glisser sur la vague et se fondre avec elle) dont la pratique nourrit les légendes traversant, depuis des siècles, l'histoire orale de cette société polynésienne hawaïenne. Ce qui deviendra quelques 150 ans plus tard le plaisir personnel d'individus parsemés dans le monde, est ici un élément constitutif de la vie et de l'organisation de cette communauté insulaire. Une vie que l'Europe des conquêtes, sous couvert d'exploration, compte bien coloniser. Sans doute parce qu"'il voulait trop le bien" de ces indigènes, Cook ne retrouvera jamais la terre maternelle. Ces derniers l'assassinent en 1779.
La découverte des Iles Sandwich marque le début du déclin d'une société se perpétuant depuis la nuit des temps autour de la prodigalité de la nature et de sa beauté. L'Europe colonisatrice ne peut accepter la vérité polythéiste d'une telle nudité. Les missionnaires sévissent et élèvent ce peuple au jugement de Dieu. Maladies importées aidant, ces Hawaïens au nombre de 300 000 quand Cook débarque, ne sont plus que 40 000 en 1893.
Quant au He e'nalu il n'est à l'orée du X Xe siècle que la pratique éperdue de quelques irréductibles indigènes |